Dsquared2 rompt son partenariat avec Staff International : une prise d’indépendance sous tension
C’est une page qui se tourne pour Dsquared2. Après plus de deux décennies de collaboration, la marque canadienne fondée par les jumeaux Dean et Dan Caten a annoncé mettre un terme immédiat à son contrat de licence avec Staff International, la division de distribution du groupe OTB (propriétaire de Maison Margiela), bien avant l’échéance prévue en 2027.
Dans un communiqué, Dsquared2 a déclaré vouloir reprendre la main sur sa production et sa distribution :
« Le groupe Dsquared2 annonce la résiliation immédiate de son accord de licence avec Staff International S.p.A. Le groupe assumera donc directement la production et la distribution de ses collections de prêt-à-porter. Cette transition prendra effet dès la campagne de pré-collection printemps-été 2026. »
Aucun motif officiel n’a été communiqué concernant cette rupture anticipée. Mais derrière cette décision stratégique, se cache une tension palpable. Staff International n’a pas tardé à riposter, engageant une action en justice auprès du tribunal de Milan pour bloquer cette décision. L’entreprise défend la validité de l’accord, signé en 2000 puis renouvelé en 2010 pour une durée de 17 ans, et dénonce une rupture unilatérale qu’elle juge non fondée juridiquement.
« La société rejette fermement toute possibilité de résiliation anticipée et estime que les conditions légales pour une telle décision n’existent pas », affirme Staff International, qui entend faire valoir ses droits "avec transparence et détermination".
Cette bataille juridique soulève plusieurs enjeux majeurs. D’un côté, Dsquared2 semble vouloir reprendre le contrôle total de sa chaîne de valeur, dans un contexte où de nombreuses marques cherchent à internaliser leur distribution pour mieux maîtriser leur image et leurs marges. De l’autre, la réaction de Staff International illustre les complexités et les risques associés aux accords de licence longue durée, surtout lorsqu’une marque atteint une certaine maturité et ambitionne de se transformer en maison totalement autonome.
La rupture entre Dsquared2 et Staff International marque donc un tournant stratégique pour la marque, mais pourrait aussi faire jurisprudence dans un secteur où la relation entre maisons de mode et distributeurs devient de plus en plus volatile.